Tristesse et beauté (Yasunari KAWABATA)
"Ainsi étaient mes amours", écrit Kawabata, telle fut sa vie d'homme,
tel fut le chemin de l'écrivain qui n'aura eu de cesse de poursuivre à
travers ses romans l'image idéalisée d'une passante, celle qui fut au
coeur de son oeuvre. Si le passé et le présent se mêlent sans cesse
pour rendre le récit plus vivant, le réel et la fiction sont intimement
liés à l'oeuvre de Kawabata.
Dans Tristesse et Beauté,
Oki retrouve après de longues années Otoko son ancienne maîtresse.
Écrivain d'âge mûr, il doit tout son succès à un roman inspiré de sa
liaison : Une Jeune fille de seize ans - ;l'âge qu'avait la
propre fiancée de Kawabata lorsqu'ils se sont rencontrés.
Cet amour, il
le relate lui-même dans son premier ouvrage autobiographique intitulé Le Jeune Garçon...
Cette mise en abyme vertigineuse est pourtant en tous points maîtrisée,
car s'il a cherché à prolonger mais aussi à comprendre cette liaison
tragique à travers ses romans de jeunesse, Kawabata, vieillissant, se
dégage des tourments de la passion et compose une fiction. Dernier
ouvrage publié avant que l'auteur ne se donne la mort, Tristesse et Beauté
est un testament littéraire, un point final apposé à une oeuvre qui, à
l'image de son créateur, oscilla sans cesse entre réel et irréel. --Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot